Le Ballard Bowl

Le Ballard Bowl : un peu d’histoire

le 18/03/2011 par Thomas Depaepe

Alors que ce week-end va se disputer du côté d’Aix-en-Provence le Ballard Bowl, footballamericain.com a décidé de se mettre « en mode » Ballard et de vous le faire vivre au plus prés. Nous vous livrerons donc un résumé du match, des interviews de ses protagonistes présents et historiques… mais avant tout chose il fallait peut-être revenir sur la passionnante histoire du Ballard.

Le Ballard Bowl : qu’est-ce que c’est ?

La rivalité entre Le Flash de La Courneuve et les Argonautes d’Aix-en-Provence est une des plus fameuses histoires du championnat Elite de football américain. En effet, les 2 clubs sont présents en première division depuis la même période : 1986 pour le Flash et 1987 pour les Argonautes. Mais plus que cela les clubs se sont souvent affrontés et ont fournis pléthores de joueurs de haut niveau.

Dans la première moitié des années 90, les Argonautes étaient un club français phare et ils ont trustés pas mal de titre : 90, 91, 92 et 95. Le Flash de son côté souffrait souvent face au club sudiste et plusieurs matchs ont été de sévères corrections. Mais en 1997, le Flash l’emporte sur les Argos en misant sur une nouvelle génération de joueur qui veut effacer les défaites ultérieures ; ce match de 97 va constituer un tournant pour les joueurs de La Courneuve qui vont remporter le titre cette même année et même si les Argos regagnent les 2 saisons suivante, le Flash et lancé et il va dominer la décennie suivante.

Pour le Flash, le match de 1997 est clairement un tournant car d’un coup l’équipe a montré qu’elle pouvait effacer le signe indien et gagner face à un club dominant. C’est un déclic pour le Flash, mais c’est aussi le début d’une ambiance électrique en Equipe de France car le match divise les joueurs issus des 2 clubs qui se retrouvent sous le maillot bleu. Cette électricité va être transformée en force par le biais d’une « rapine » qui va conduire à l’instauration du Ballard Bowl l’an prochain.

Karl Ballard, un linebacker qui incarne les défaites françaises.

Karl Ballard ( www.csurams.com) Né en 1973, Karl Ballard évolue dans une équipe de NCAA III (Iona collège) depuis 2 ans lorsqu’un ami lui dit de passer le voir du côté de Colorado State ; Ballard hésite et tente d’appeler le coach de l’équipe, mais n’arrivant pas le joindre il décide de prendre sa voiture et d’aller le rencontrer en personne. Le coach l’invite alors au camp d’été et il trouve très vite sa place dans l’équipe qui évolue en première division NCAA. Ballard crève l’écran et gagne 2 titres de conférence en 2 ans (94 et 95). En 1995, il obtient même la récompense de meilleur joueur de l’équipe… mais il n’arrive pas à passer pro. Il part alors jouer en Arena Football, avant de signer en NFL-Europe dans la franchise londonienne. Parallèlement il fait des piges chez les Hamburg Blue Devils ou il brille autant en championnat d’Allemagne qu’en ligue européenne. De plus, Ballard prend la nationalité anglaise et s’aligne chez les GB Lions.

Aujourd’hui Ballard est reparti aux states et il coaché jusqu’il y a peu la ligne défensive de Colorado State. Vous me direz quel rapport avec le Flash, les argos, ou le championnat Elite ?

Il y a tout d’abord le fait que Ballard a évolué chez les Hamburg Blue Devils qui a été une équipe qui a battu a 2 reprises les clubs français en finale de l’Eurobowl : en final X les Argonautes perdent contre l’escouade allemande (ou Ballard ne joue pas encore), en finale XII c’est au tour des Flash de perdre contre l’équipe hambourgeoise et lors de cette finale Karl Ballard est à la tête de la ligne défensive. Dès lors avant le match Angleterre/France de 1998 il existe du côté des joueurs Argonautes et Flash une terrible envie de battre un joueur qui incarne le club qui fait obstacle aux français lors des finales européennes.

Un match et un « braquage »

Si Ballard est connu par les joueurs français, il faut attendre le 4 Novembre 1998 pour qu’il devienne, bien involontairement, un « élément » incontournable dans l’histoire du championnat de France.

Ce  jour là, les Français doivent affronter les anglais et les deux équipes doivent sortir avec une victoire pour espérer aller au championnat d’Europe qui se déroule en Suède l’année suivante. Riq Ayub, le coach anglais, promet avant le match que son équipe livrera un match « solide et agréable a voir » grâce à un mix entre joueurs « locaux » et joueurs qui évoluent en NFL-Europe comme le coureur Bruce Reid (Hambourg Blue Devils), Robert Flickinger (Ligne défensive des Scottish Claymores) ou Tom Tovo (London Monarchs puis Scottish Claymores) qui est un DT puissant qui un peu l’Albert Haynesworth (européen) de l’époque .

Très vite le match tourne à l’avantage des anglais : un safety est concédé rapidement par la France en premier quart-temps, puis le coureur Bruce Reid marque sur 10 yards le TD. Avant la mi-temps, le quarterback anglais Junior Prince lance le cuir à Rowelle Blenman qui capte le TD sur près de 20 yards. A 16-0, les français sont sonnés mais le pire est à venir car de retour des vestiaires ils prennent une interception sur 60 yards pour un TD, avant d’encaisser 3 nouveaux TD sur 2 passes et une course. L’affaire est entendue, la France c’est fait étriller 42 à 0.

Mais un petit groupe de français décide de ne pas laisser leur adversaire s’en tirer à si bon compte : quelques jeunes joueurs, dont Samyr Hamoudi (Flash), Patrice Kancel(Flash), Julien Luneau (Flash), Hervé Manga (Flash), Jody Panagiotis (Argonautes) et Remi Rousset (Argonautes) dérobent le casque de Karl Ballard qui a laissé « trainer » son sac près du bus des Français et vont ramener le trophée en France. Jody Pangiotis ramènera aussi d’Angleterre une mauvaise expérience du système de santé britannique et un plâtre inutile et douloureux.

Ce « braquage » va souder le groupe France et restera un moment marquant pour une génération en bleu. La défaite en elle-même restera elle plus «douloureuse » car durant de longues années Français et Anglais vont se croiser en NFLE et les Anglais ne se priveront pas de faire vivre le souvenir de leur victoire cinglante.

 

Lors de la saison de 1ére division qui suit le match Angleterre-France, les coéquipiers français et adversaires de clubs décident de mettre en jeu le casque de Ken Ballard lors du match Argonautes vs Flash… le Ballard Bowl est né. Le Manager du flash, Bruno Lacam-Caron, fabrique alors le trophée en accrochant le casque sur un support en bois, et depuis le gagnant du match Argos-Flash a le droit de conserver ce « titre » chez lui jusqu’à l’année suivante ou le casque est remis en jeu.

 

L’interview de Rémi Rousset et Jody Panagiotis des Argos.

Footballamericain.com : Que représente pour vous le Ballard Bowl ?

Remi Rousset : Le Ballard c’est la mémoire d’une époque pas si lointaine ou la rivalité Flash-Argos incarnait la domination des 2 équipes pour le titre Elite. Aujourd’hui le trophée a dépassé le coté anecdotique lié au « vol » et c’est impressionnant de voir que même pour les plus jeunes ce trophée reste fort de sens.

Après a titre personnel, je ne me peux m’empêcher de me rappeler que c’est aussi et surtout une plaisanterie à l’origine…

Jody Panagiotis : Je n’ai jamais prêté attention au trophée. Gagner le trophée c’était amusant, surtout par rapport à ce que l’on a vécu ensemble lors du match Angleterre/France, mais le trophée n’a jamais été une fin en soi pour moi. Battre le Flash c’est l’essentiel et c’est la seule chose qui compte à mes yeux.

FA.com : Quel est votre meilleur souvenir du Ballard Bowl ?

R.R. : De toute évidence, c’est la finale 2002 qui reste un très très beau souvenir. On gagne à Aix de 2 points, alors qu’il fait très chaud et qu’on est sous un soleil brulant, contre le Flash le titre de champion de France et le Ballard par le même coup. Il faut se rappeler que tout ce joue sur la fin de match avec un field-goal raté par le flash, mais rejoué pour un late hit, et le second field-goal est encore raté ce qui nous donne le titre.

J.P. : C’est la victoire lors de la première saison de Darren Holmes (2001), ou l’on gagne le championnat contre le Flash alors que l’on sort d’une saison difficile. On marque le TD décisif sur une action de Rémi Rousset et surtout on tient le score jusqu’au bout. On avait un effectif restreint, personne ne nous attendais… ca reste une fierté énorme sur un plan personnel d’avoir remporté cette confrontation contre le Flash.

FA.com : A l’inverse, quel est votre pire souvenir lors d’un Ballard Bowl ?

R.R. : C’est notre avant dernier match à Aix-en-Provence (18 Mars 2007) : on a été livide de bout en bout, et on n’a pas su défendre nos chances. On sort avec une défaite 42 à 0 qui nous a fait très mal.

J.P. : La finale 2000 que l’on perd 68 à 35. Cette défaite a été très dure à vivre car on s’effondre complètement en seconde période alors qu’on est ex-æquo à la mi-temps. Cette finale perdue reste l’un, voir LE, pire souvenir en carrière.

FA.com : Pour finir quelles sont vos attentes pour le match de ce week-end ?

R.R. : Cette année, le Ballard est plein d’enjeux : c’est une histoire d’anciens qui se perpétue avec des jeunes qui n’ont pas connus l’anecdote d’origine, c’est essentiel pour nous de confirmer notre bon début de saison, c’est un enjeu pour la qualification en playoff et c’est important mentalement de battre le Flash. Cette année, nos attentes sont donc très importantes.

J.P. : Pour moi c’est un retour au stade. Ça me fait mal de revenir au stade et de repenser à tout ce que j’ai vécu sur le terrain. Depuis ma retraite, je ne veux plus remettre les pieds au stade, le terrain me manque trop, mais ce Ballard Bowl je veux le voir.

L’interview de Samyr Hamoudi et Patrice Kancel du Flash.

Footballamericain.com : Que représente pour vous le Ballard Bowl ?

Samyr Hamoudi : C’est clairement le match le plus important de la saison, et ce quelque soit la saison ou le classement de l’une ou l’autre équipe. Pour moi, la rivalité avec les Argos date de mes années Juniors, on était les 2 meilleurs programmes jeunes et j’ai souvent perdu contre eux quand j’étais Junior, donc pour moi chaque match Elite contre eux est le sommet de la saison.

Patrice Kancel : C’est le PSG/OM du football américain, c’est une rivalité Nord/Sud entre deux clubs de légende et c’est le symbole d’une blague autant que d’une rivalité. Le trophée n’existe que parce que nous sommes 2 équipes dominantes et c’est cette domination qui a crée le défi que représente le Ballard Bowl.

FA.com : Quel est votre meilleur souvenir du Ballard Bowl ?

S.H. : 1997, c’est-à-dire la saison avant la création du trophée. C’est paradoxal au sens où le Ballard n’existait pas encore, mais c’est la victoire de la nouvelle génération du Flash qui en 1997 a ouvert la voie au succès qui a suivi. Maintenant, la plus belle victoire en Ballard Bowl c’est certainement 2000 où on leur a mis une pilule en finale et moi je marque en attaque et en défense.

P.K. : 1997 est notre meilleur souvenir. Ils dominaient depuis longtemps le championnat, mais on les a battus en finale et en plus on leur met une raclée (45 à 28) à Charlety. C’était clairement un déclic pour nous car cela montrait qu’on pouvait accrocher des titres… et puis personnellement c’était une grande joie car auparavant nous avions pris un paquet de raclées.

FA.com : A l’inverse, quel est votre pire souvenir lors d’un Ballard Bowl ?

S.H. : La finale 2002 car on perd sur un field-goal que l’on rate alors qu’on a une seconde chance après un coup à retardement sur la première tentative. Après cette défaite, les Argos nous ont pas mal chambrés et c’est clairement un mauvais souvenir.

P.K. : Je n’en ai pas vraiment, car toutes les fois où le Flash a perdu j’étais en NFL-Europe donc pas sur le terrain… je n’ai donc pas de plus mauvais souvenir et le Ballard est un peu mon jardin car j’ai eu la chance d’y briller régulièrement.

FA.com : Pour finir quelles sont vos attentes pour le match de ce week-end ?

S.H. : Je ne pourrais à priori pas le jouer, mais on souhaite tous l’emporter et prendre un ascendant psychologique car ce match doit refléter nos ambitions et notre saison qui commence très bien alors qu’on était plutôt parti dans une logique de transition.

P.K. : Pour nous les anciens, ce Ballard Bowl est une occasion de transmettre aux jeunes notre histoire et la rivalité entre les 2 clubs. Évidemment, il y a un aspect sportif essentiel pour la suite du championnat, mais on veut que les jeunes prennent le trophée comme une motivation supplémentaire pour aller chercher un résultat. Et puis personnellement, c’est aussi l’occasion de revoir des potes qui sont des anciens Argos.